Les Américains complices ou pas?

Publié le par arnolddollard

 

© Xavier Luc Deutchoua, Le Jour

Comment un avion présenté comme un cercueil ambulant a pu survoler le ciel des Etats-Unis …
 
C’est ainsi que l’Albatros a été présenté dans les divers récits lus çà et là dans la presse.

Cet avion, acquis en leasing (location vente) pour les besoins de déplacements du chef de l’Etat, a failli endeuiller le Cameroun, le 24 avril 2004. Ce jour-là, Paul Biya, avec femme et enfants, se rendait à Paris. Depuis lors, le coucou est retourné aux Etats-Unis.

Passée l’émotion, les questions.

L’Albatros, un cercueil volant ? « Oui », vu le rapport de la mission d’experts dépêchée aux Etats-Unis en août 2003 pour inspecter l’appareil. Conduite par le colonel Justin Mitlassou, alors chef de service des Déplacements présidentiels à l’Etat-major particulier du président de la République, la mission s’achève sur un rapport daté du 18 août 2003. Qui mentionne des « fuites de carburant localisées sur les ailes », relève des défaillances au niveau du respect du calendrier des visites techniques, dénonce le non remplacement de « plusieurs équipements ayant dépassé leurs limites d’utilisation » … Le rapport conclut : « Il est à noter qu’en cas de décision de mettre cet avion en exploitation, alors une inspection détaillée de l’appareil, de ses moteurs et équipements sera nécessaire afin d’établir la liste exhaustive des travaux de maintenance à exécuter sur l’avion en vue d’obtenir le certificat de navigabilité requis pour le démarrage de l’exploitation ».

Le Jour a contacté, par e-mail, un officiel de la firme Boeing qui a refusé de s’exprimer officiellement. Mais de cette source, on apprend tout de même que les « travaux de maintenance » préconisés par les experts camerounais ont été effectués en décembre 2003 par une firme américaine dénommée Delta Airlines. Commencé en janvier 2004, ce «check-up», clôturé en mi-avril 2004, aurait consisté en un désossage de l’avion et au remplacement de toutes les pièces usées ou défectueuses. Lesdits travaux se sont déroulés à Atlanta en présence de Louis Marinus Azeh, de la l’Aéronautique civile camerounaise, de Ekotto Mezee, de l’Etat-major particulier du chef de l’Etat, de François Tuomi et de Stephen Enow, de la Camair.

Delta Airlines s’est-il acquitté de la tâche à lui confiée dans les règles de l’art? Les experts camerounais ont-ils validé le travail de l’entreprise américaine? En l’état actuel de nos informations, nous ne pouvons y répondre.

A l’occasion des Journées de l’Afrique célébrées les 25, 26, 27 et 29 mai derniers, plusieurs ambassadeurs africains en poste à Yaoundé se demandaient comment les autorités américaines ont permis à un appareil jugé dangereux de décoller d’un aérodrome américain. De source sûre, en effet, le 12 mars 2004, la Federal aviation administration (Faa), a délivré un certificat de navigabilité portant le numéro F355442, au bénéfice de l’Albatros. Le document, dont Le Jour a pu obtenir copie, est signé de Lyod G. Gary, un des responsables de ce service. En vertu de la législation fédérale, aucun aéronef civil immatriculé aux États-Unis ne peut voler sans un certificat de navigabilité valide. Ce certificat doit être approuvé et délivré par la Faa et cela ne peut se faire qu'à la condition que l'aéronef, ses moteurs, ses hélices et tous les équipements soient conformes aux critères de navigabilité et aux exigences de sécurité définis par les Etats-Unis.

Quelles sont les pièces à fournir pour obtenir un certificat de navigabilité ? Quelles conditions un avion doit-il remplir pour survoler le ciel américain? Ces conditions ont-elles été remplies par l’Albatros avant le vol d’essai du 23 avril 2004? Ces conditions ont-elles été remplies avant le vol Atlanta-Yaoundé du 24 avril 2004 ? Si non, pourquoi avoir autorisé le décollage de l’aéronef?

Des Américains étaient-ils complices?
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